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La guerre avec l'Autriche de 1809 donne à la France le vaste territoire adossé à la côte dalmate qu'elle occupe depuis 1805. Le jour de la signature du traité de paix de Schönbrunn, le 14 octobre 18029, Napoléon signe le décret instituant les Provinces illyriennes, nouvel Etat formé de l'Istrie, de la Dalmatie - jusqu'alors partie intégrante du royaume d'Italie -, de la Carniole, d'une partie de la Carinthie, provinces autrichiennes, de Trieste, de Rijeka ainsi que de la Croatie civile au sud de la Save et des Confins militaires sur la frontière turque.
C'est la brève histoire de cette formation étatique particulière - des militaires et des civils se partagent la direction des affaires publiques - dont la durée n'excéda pas quatre ans, que relate le professeur Fran Zwitter dans cinq études rassemblées dans le présent ouvrage. La domination française fera bifurquer l'histoire des populations dominées. En effet, pour donner à son pouvoir toute l'efficacité nécessaire, les autorités françaises introduisent, outre les méthodes de gouvernement moderne, l'usage de "la langue du pays" dans une partie de l'administration et dans les écoles illyriennes, et l'auteur de montrer comment en servant leurs intérêts, les Français donnent à cette question linguistique une charge politique jusqu'alors inconnue.
Les Slovènes, et les Croates dans une moindre mesure, font de leur aspiration à parler leur langue le moyen autour duquel va se condenser leur conscience nationale. La rupture avec le passé engendrée par la présence française n'est donc pas seulement inscrite dans le réel administratif qui régit la vie sociale et économique des Provinces, mais aussi et surtout affecte les instances symboliques autour desquelles leur existence se noue.
En ce sens, l'éphémère présence française sera une étape décisive pour l'histoire des nations sud slaves. Si l'Illyrie représente un cas à part dans la vaste histoire napoléonienne, c'est que, outre l'introduction des principes fondamentaux de l'Etat et de la société moderne, les occupants français ont donné aux populations autochtones les rudiments pour qu'ils se constituent en sujet politique, qu'ils forment des nations.