En cours de chargement...
Dans les oeuvres si nombreuses qui retracent la carrière légendaire d'Alexandre le Grand, la célébration de son ouverture de l'espace et de sa domination de l'orbis terrarum met en valeur l'extrémité orientale de la mappemonde et les multiples sites paradisiaques qu'elle offre : la fontaine d'immortalité, les pays des Brahmanes et des Bienheureux, l'enclos des arbres du Soleil et de la Lune, le paradis terrestre, séjour d'Adam et Eve avant la Chute, le paradis sensuel des filles-fleurs, des îles ou des pays qui rappellent un âge d'or, des vergers idylliques ou des cités parfaites.
Dès le haut Moyen Age, cette insistance sur les aventures paradisiaques semble naître des regards croisés que se jettent auteurs juifs, chrétiens et musulmans dans leurs adaptations du Roman d'Alexandre du Pseudo-Callisthène. Le voyage du héros vers ces paradis constitue souvent l'un des points de tension les plus vifs de son exploration. Son désir est alors porté à son paroxysme dans la quête de la toutepuissance, de l'omniscience et / ou du plaisir, avant la confrontation, très fréquente mais non systématique, à une loi et à une sagesse, à une transcendance qui le juge et ruine ses ambitions ou au contraire l'estime digne d'être l'élu d'une révélation, même partielle.
Regards orientaux et occidentaux confondus, la source de vie, le pays des Bienheureux et le paradis terrestre, ainsi que nombreux de leurs avatars, s'avèrent être des lieux de jugement, non seulement au sens religieux et moral du terme, mais aussi dans le sens où celui qui s'y aventure est amené à (se) réfléchir, par ce qu'il voit ou ne voit pas, par ce qu'il rencontre, et par ce qu'il comprend ou ne comprend pas.
Catherine Gaullier-Bougassas est professeur de langue et de littérature médiévales françaises à l'Université de Lille 3. Elle a publié de nombreuses études sur Alexandre le Grand et l'Orient dans la littérature française médiévale. Elle dirige actuellement une équipe de recherches internationale sur la création d'un mythe médiéval d'Alexandre le Grand dans les littératures européennes (Agence nationale de la Recherche, 2009-2013).Margaret Bridges est professeur émérite de langue et de littérature médiévales anglaises à l'Université de Berne.
Parmi ses publications dans des domaines aussi variés que l'hagiographie, les études de genre et l'histoire de la rhétorique figurent des études sur des textes alexandrins en vieil et en moyen anglais. Elle a aussi dirigé, avec J. Ch. Bürgel, un volume sur les représentations d'Alexandre en Orient et en Occident.