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Aïcha Benamour Benis s'adresse en de longues lettres à son amie d'enfance qu'elle a laissée derrière elle au moment où, à l'âge de six ans, elle a quitté Fès pour Lyon. Une cassure qui rompt avec une période heureuse et insouciante et qui appuie sur l'inégalité des chances. Comme l'épanchement d'un mal intérieur, Aicha raconte le long chemin qui a été le sien, comment loin de Fès elle s'est remplie de cette culture et nouvelle vie à la française, comment elle s'est appropriée cette différence.
"Je m'enrichissais d'une part de moi-même". Puis nouveau départ, cette fois-ci pour le pensionnat Notre-Dame de Meknès. Là, elle évolue au milieu de jeunes filles privilégiées dont l'éducation ouvre la voie de la modernité et d'une certaine indépendance. Portée par une double culture, elle revendique cet "entredeux". "Moi aussi je suis une enfant de "l'entre-deux", moi aussi je vis les déchirements d'une société bouleversée.
Notre combat à nous consiste à opérer le dépassement de la condition de nos parents, d'être leur inévitable réconciliation en recueillant conjointement l'héritage que chacun d'eux nous lègue". Entre deux mondes qui s'attirent et se rejettent à la fois, se scrutent et redoutent leurs violences respectives, Aïcha a choisi de revendiquer sa double appartenance, d'assumer l'errance dans la connaissance de soi et la découverte de l'autre.