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"La nourriture était alors ma seule amie. Elle comblait ce vide, ce manque profond et terriblement envahissant à l'intérieur de moi. Cette amie me torturait et me violentait tous les jours. Et pourtant je m'y suis accrochée comme s'il ne me restait plus qu'elle pour apaiser ma tristesse. Quand on atteint ce stade de la maladie on comprend aussi que les images externes n'ont plus aucun impact avec l'image que l'on a de soi.
[...] C'est un détachement de vous-même avec ce que vous êtes et ce que vous avez créé de toutes pièces. Vous devenez une autre et vivez dans une autre réalité par la seule force du mental. C'était une sorte de démon, une voie pernicieuse en moi qui agissait à ma place. [...] Je n'avais plus aucun contrôle sur mes comportements alimentaires. [...] C'était une forme d'équilibre et ça me convenait. Du moins je le pensais.
Mais les années passaient et le secret grandissait. Les rituels continuaient et personne ne le voyait".