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Au moment où l'Europe doit absorber des flux migratoires d'une puissance jamais atteinte, où le Moyen-Orient se trouve une nouvelle fois secoué par des guerres et des révolutions aux répercussions tragiques, ensanglantant notre sol, où la France tonnait la pire crise identitaire de son histoire, une lecture, une relecture de l'oeuvre d'Arthur de Gobineau (1816-1882) s'imposent. Ce grand écrivain, l'un des plus doués de sa génération, a pressenti, il y a cent cinquante ans, l'essentiel de ce qui nourrit aujourd'hui nos angoisses.
Il démontre, dans son célèbre Essai sur l'inégalité des races humaines, comment naissent et meurent les civilisations. C'est au cours de ses missions diplomatiques en Orient qu'il comprend avant tout le monde que les Occidentaux subiront, tôt ou tard, les conséquences de leurs multiples interventions dans cette région du globe. Trois ans en Asie, Les Religions et les philosophies dans l'Asie centrale ou même Nouvelles asiatiques donnent toute la mesure de pareilles prémonitions.
Mais Gobineau est aussi ce philosophe qui, tout comme Nietzsche, a voulu replacer l'Homme au centre de la Nature, niant qu'il puisse s'en affranchir, lui ôtant tout espoir d'une divinisation par lui-même, tentation permanente du progressisme. Partisan de la Province contre l'Etat centralisateur, il croit également au lien biologique qui unit les générations et les détermine.