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"Le temps avance", écrivait Michelet en 1864, "je ne ferai probablement jamais mes Mémoires ; mais, dans mes notes éparses et tant d'années accumulées, dans mes journaux que j'ai repris avec suite à partir de 1838, dans les programmes de mes livres, dans les matériaux de mon enseignement, surtout dans mes cours inédits du Collège de France, - où tant de fois, j'ai porté devant mes auditeurs mon coeur saignant des malheurs de la patrie et de mes propres blessures ; enfin, dans mes préfaces, plutôt dans leur préparation que dans le texte même, j'en laisserai tous les éléments.
C'est là, que j'ai exprimé mes pensées et mes sentiments les plus intimes sous la forme la plus vivante, la plus originale, la plus vraie, j'oserai dire la plus féconde". Elaboré à partir des papiers intimes de Michelet - son "âme de papier", comme il les appelait, "qui, loin de représenter une masse inerte, constituait du temps où l'historien vivait, la matrice de ses nouvelles oeuvres" (Paule Petitier) -, des souvenirs évoqués dans ses livres ou encore de ses confidences à sa seconde épouse, Athénaïs Mialaret, avec laquelle il forma un couple fusionnel, l'ouvrage posthume Ma jeunesse couvre une période qui va de l'extrême fin du XVIIIe siècle aux premières années d'enseignement de Michelet et se lit comme le roman de ces années décisives dans la vie de l'historien.