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Que de choses n'a-t-on pas racontées sur lui, sur son caractère, ses moeurs, sa personnalité, son "âme", sa "philosophie" ! Le Malgache, assurément, fait question. Des premiers explorateurs jusqu'aux modernes psychotechniciens, colons, militaires, missionnaires, assistants techniques, enseignants, médecins, Européens et Malgaches, se sont acharnés à cerner l'être du Malgache, à énoncer sa différence.
Différencier pour régner : tel semble être le propos de ces discours psychologiques, d'avant et d'après la lettre, qu'Antoine Bouillon analyse ici dans leurs articulations fondamentales avec les rapports de pouvoir tels qu'ils se sont cherchés, instaurés et transformés au cours de l'histoire coloniale. Car le pouvoir commence avec l'affirmation des différences. Le pouvoir de ce livre-ci, aussi bien : rejoue-t-il donc, pour son propre compte, l'aventure du pouvoir sur "les autres ", sur les autres textes ? L'analyse se répercute, inéluctablement, sur sa propre écriture et se prolonge (ou régresse) en réflexion critique sur la critique des textes.
S'il ne se veut pas le même, ce discours n'est pas simplement autre : en posture "critique", un éloge de la duplicité.