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Mangata. En suédois, le chemin de lumière tracé par la lune sur les flots, les soirs où elle est pleine et veille sur le monde sidéré. Depuis sa fenêtre avec vue sur le campo, une femme frissonne. Là, juste là, à la surface paisible du canal où les poissons s'aventurent à nouveau, une drôle de créature nage sans bruit et son bas-ventre lance des reflets métalliques à fleur d'eau... Il est donc question d'une Vénitienne qui s'éprend d'une sirène dans une cité des Doges confinée.
Mais le conte LGBTIQ+ se fait vite grinçant. Car il y a le danger constant, ce virus invisible et sournois, qui tisonne des angoisses qu'on croyait tenues en laisse. Ce corps à la solitude plastique qui perd petit à petit la mémoire de la chair. Le refus de cette différence qui saute aux yeux à chaque pas. Le rejet de l'autre. Et, surtout, la détestation de soi. Le verbe est jeté, les mots de l'auteure et metteuse en scène Joëlle Richard sont durs, sans concession, comme si seule cette violence de forme était à même de traduire l'inénarrable.
Ils tissent une parole fractionnée à la lisière du slam, dont la poésie disloquée répond aux tourments de notre époque désincarnée.