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Ce cri, qui a eu raison de l'autocrate tunisien et qui fait tache d'huile dans le monde entier marque une rupture dans l'histoire des insurrections. Pour la première fois, il ne s'agit pas de prendre le pouvoir mais de déloger celui qui le détient, de vider la place qu'il occupe. Dans une révolution, le vide est impensé comme tel : la vacance du pouvoir est nulle puisque la destitution de l'ancien pouvoir et l'institution du nouveau sont un seul et même mouvement.
A l'idéalisme naïf du révolutionnaire succède le réalisme créateur du dégagiste désillusionné, mais vacciné. Il n'est désormais de chaise qu'éjectable. Si l'alternative transitoire à l'occupation de la chaise reste vague, le temps de la contemplation vigilante de ce vide — le temps dégagiste par excellence, un temps de haute et riche incertitude, à faire trembler les places boursières — aura suffi à enraciner dans les consciences ainsi affûtées une méfiance salutaire à l'endroit de celui qui planera autour de la chaise laissée vide.
Un pas décisif vers la protodémocratie.