Marie de Régnier, fille, femme, belle-sœur de poètes, fut à la fois une femme de lettres et une femme fatale qui traversa la Belle Époque avec insouciance, mettant à ses pieds beaucoup d'écrivains : Pierre Louÿs, Jean de Tinan, Gabriele D'Annunzio, Henry Bernstein, pour n'en citer que quelques-uns. Née Marie de Heredia, elle côtoya chez
ses parents la république des lettres de la fin du XIXe siècle : beaucoup de parnassiens mais aussi de jeunes écrivains prometteurs qui faisaient de Heredia et de Mallarmé leurs mentors. Parmi eux, le poète Henri de Régnier et son ami Pierre Louÿs : le premier, épousa Marie de Heredia, le second devint son amant et le père de son fils, Pierre de Régnier surnommé Tigre. Ces trahisons teintées de cruauté et d'érotisme fin de siècle trouvèrent un écho dans les œuvres de Régnier et de Louÿs, dans celle de Marie de Régnier qui prit comme nom de plume Gérard d'Houville, mais aussi de manière plus inattendue dans celle d'André Gide, de Claude Farrère ou de mémorialistes comme Paul Léautaud. Marie de Régnier est à la fois le sujet et le prétexte de ce catalogue qui nous fait pénétrer dans les cercles littéraires de la Belle Époque : c'est sur le Parnasse qu'elle passa son enfance et, en compagnie de Pierre Louÿs, Paul Valéry, Marcel Proust et bien d'autres, sa jeunesse. Devenue Madame de Régnier, elle fréquenta les salons peuplés d'écrivains, d'artistes, de femmes du monde. Elle fut aussi poète, romancière, journaliste. Elle qui en son temps était considérée domine l'égale de Colette ou d'Anna de Noailles est une belle image de la femme de lettres 1900 et de ses aspirations. En souvenir de José-Maria de Heredia qui administra la bibliothèque de l'Arsenal de 1901 à 1905, Marie de Régnier donna manuscrits, livres, objets et tableaux de sa famille à l'Arsenal qui se devait de rendre hommage à cette muse de la Belle Époque.