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Martial est un métis au visage brun dont le père est martiniquais. Il est gay, et se lie parfois à des Blancs aisés pour de l'argent et du rêve. En 1992, à 24 ans, il apprend qu'il est contaminé par le virus du sida. Je venais de faire sa connaissance peu avant. Il meurt en 2010, à 42 ans. Selon les médecins, c'est le sida qui l'a emporté. Mais est-ce là une explication suffisante ? Sous l'attrait qu'il exerçait, enjoué ou songeur, pouvait surgir de la rage et l'envie de tuer.
Les liens ordinaires sombraient. Type odieux ou mal dans sa peau, individu immature, schizophrène étaient des termes employés, "rebut de la société", disait-il de lui. Peut-on mener une sociologie de la folie ou de la colère ? En utilisant comme sources principales les cahiers rédigés pendant des années par Martial et les moments partagés avec lui, le sociologue Daniel Bizeul rend compte de l'homme qu'il a aimé.
A travers la vie reconstituée de Martial, il est question des indésirables, ces parcelles d'humanité qui vivent de combines et d'aides sociales et sont rebelles à toute autorité.