Au soir du second tour de l'élection présidentielle, Madame Royal, sans sourciller, nous a fait accroire qu'elle venait de remporter une magnifique victoire. Or, le verdict a été sans appel puisqu'elle n'a obtenu que 46,8 % des suffrages. Face à sa curieuse interprétation du résultat à laquelle s'ajoute désormais son désir de prendre la direction du Parti Socialiste, je ne peux, en tant que militant de ce parti, accepter ce déploiement de mauvaise foi. Madame Royal a perdu dans des proportions inédites. Ce n'est ni de la faute des fameux éléphants, ni du manque d'enthousiasme de la part des militants, ni parce qu'il pleuvait ou ventait ce jour-là, mais bel et bien parce qu'elle fut la plus mauvaise candidate que le Parti Socialiste pouvait présenter. En effet, au fil de sa campagne, s'exonérant de toute contrainte, elle désigna le Parti comme un handicap, rejetant le travail qui avait été fait par des milliers de militants pour élaborer le Programme, excluant ou marginalisant - parfois en les humiliant - les femmes et les hommes qui avaient fait jusqu'à ce jour le Parti tel qu'il était, un parti fort et rassembleur, s'entourant d'une " camarilla " aux personnalités incertaines, jouant la division en agrégeant autour d'elle quelques individualités en quête de notoriété et sans doute de postes, jouant le contournement du Parti en créant un club de supporters " la ségosphère ", se dégageant des principes et des valeurs du PS pour essayer de glaner des voix ici et là, accumulant des bourdes et des gaffes, misant sur sa seule personne pour rassembler avec des accents de madone ou de télé-évangéliste, bousculant au nom de la modernité un certain nombre d'identifiants de gauche, bref, en se posant en femme libre comme elle l'a maintes fois répété, au risque de devenir une candidate dans laquelle, comme beaucoup d'autres militants, je ne pouvais plus m'identifier. Au risque de perdre mes propres repères, idéologiques, politiques et moraux, je m'élève donc contre la pensée unique qui sévit aujourd'hui au sein de l'opinion selon laquelle Madame Royal représenterait la modernité face à toutes celles et ceux qui construisirent le PS durant les décennies passées. Elle n'est qu'un avatar de la société médiatique, sans idée ni vision, préoccupée de prendre le pouvoir et de l'assumer de manière solitaire comme l'a prouvé son comportement durant la campagne.
Biographie de Jacques Mazeau
Ecrivain, scénariste, consultant en entreprises, chargé de mission auprès du Directeur Général de la Police Nationale... et conseiller auprès des ministres Michel Delebarre et Daniel Vaillant, Jacques Mazeau a été chargé de rapports sur la propreté de Paris, les problèmes de l'énergie nucléaire.