Mystifiées par une religion de la maternité qui exige la suppression de toute ambition personnelle, les mères américaines craquent. Leurs mères étaient culpabilisées de ne pas travailler, et voilà que sous l'influence des théories psycho-éducatives d'aujourd'hui elles se sentent coupables de ne jamais en faire assez pour leurs enfants. Il leur faut les éveiller, les stimuler, les encourager en continu pour faire d'eux des gagnants dans une société de plus en plus dure.
Mais à force de vouloir tout contrôler, elles ont le sentiment que tout leur échappe. Empoisonnées par un mélange de culpabilité, d'anxiété, de ressentiment et de regret, qu'elles aient renoncé à travailler ou non, elles étouffent. Et elles ne sont pas les seules à payer au prix fort leur désir de performance et leur abnégation. Leurs enfants et leur couple en font aussi les frais. Judith Warner encourage toutes les femmes à préserver leur identité de femme active au lieu de se sacrifier à leur identité de mère.
Son cri d'alarme concerne de près les Françaises, aujourd'hui plus autonomes, actives et émancipées que les Américaines, car on sait que les évolutions de mentalité nées outre-Atlantique finissent toujours par gagner l'Europe avec quelques années de décalage.