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Si l'on parcourt les oeuvres complètes de Michael Sandel, il va sans dire que le leitmotiv de tout son argumentaire moral et politique est bien sa critique récurrente et massive de l'individu libéral et son corollaire sine qua non la neutralité politique. Ce que Michael Sandel s'efforce d'entreprendre dans sa critique de la Théorie de la justice de Rawls, et à travers elle toute la tradition libérale qui prend son point d'appui dans le kantisme, est précisément de dégager ce qui constitue sa force, à savoir les valeurs individualistes — fondements des démocraties libérales — qu'elle véhicule.
Le gravité de l'individualisme libéral, tirant sa force de la rationalité subjective moderne, ne réside pas tant dans le caractère indiscutable des libertés fondamentales qu'il défend, mais dans la priorité morale et politique irréversible de l'individu qu'il instaure par opposition à la communauté historique. Cet individualisme méthodologique n'aurait pas pu s'installer pour Sandel avec autant de force sans le soutien de la neutralité politique, l'exclusion des conceptions du bien de l'espace public ; et ce, au profit de l'avènement de la " société marchande " qu'annonce le triomphalisme du marché.