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Cet ouvrage reconstitue la fresque judiciaire des assises de Constantine de 1873 jugeant les chefs du soulèvement de 1871 reconnu pour être la plus grande séquence insurrectionnelle de l'Algérie du XIXe siècle. Abordant les questions relatives aux causes et aux acteurs de l'insurrection, ce livre s'attache à questionner les mobiles qui ont mu les acteurs de 1871 et à mettre en évidence la matrice anticoloniste de ce soulèvement populaire.
L'auteur privilégie ici l'analyse qualitative d'archives judicaires, d'ouvrages issus de la littérature coloniale, de matériaux anthropologiques tels que l'oralité et la poésie, afin d'installer le soulèvement de 1871 dans ce qu'il fut, une contestation insurrectionnelle de large ampleur, qui tire sa vigueur exceptionnelle de la conjonction de trois forces : la noblesse djouad, la confrérie rahmaniya et la paysannerie elle-même.
Plus ces forces convergeaient vers un même point de rencontre, plus le consensus colonial, pourtant traversé de puissants antagonismes, se restaurait pour unir dans un seul et même bloc pouvoir métropolitain, autorité coloniale, institutions militaires et colonat d'Algérie. Le rétablissement de l'ordre dominant se fit de manière brutale et vengeresse, de sorte à apparaître comme un moment marquant de " pédagogie impériale " tournée vers la réaffirmation autoritaire d'un ordre colonial, manifestement décidé à faire de l'Algérie une véritable colonie de peuplement.