La polémique ne date pas d'hier. Déjà de son vivant, certains " critiques " avaient mis en doute la paternité des œuvres de Molière. Récemment, une étude informatique très sérieuse a accrédité la thèse que Pierre Louys avait soutenue en son temps : derrière l'auteur du Misanthrope se cacherait le fantôme de Corneille. Philippe Vidal, lui, s'attache à traquer, dans tous les domaines, les différences entre la légende et la réalité, références à l'appui. L'enfance, les études, les débuts de l'Illustre Théâtre, l'inconstance prétendue d'Armande sont passés au crible. Quant à l'œuvre... Pourquoi le frère de Corneille écrit-il, en parlant de Dom Juan : " La pièce que fit jouer Monsieur de Molière " (et non la pièce de Monsieur de Molière) ? Pourquoi Molière, dans l'avertissement qui précède Les Fâcheux, admet-il que " tout cela ne fut pas entièrement réglé par une seule tête " ? Pourquoi ne possède-t-on aucun manuscrit du célèbre Jean-Baptiste ? Corneille, qu'une réputation de gravité empêchait sans doute de se lancer dans la comédie, a-t-il mis sa patte dans nombre de chefs-d'œuvre attribués à celui qui jouissait de la faveur du roi ? Il est coutumier du fait : il a déjà prêté sa plume à d'autres auteurs, et il a de sérieuses difficultés financières... Alors, quid des Précieuses Ridicules, des Femmes Savantes, de Tartuffe ? Corneille, nègre consentant ? Au lecteur d'en juger, à la lumière de cette biographie qui éclaire d'un jour nouveau un personnage hors du commun (car Molière le fut) et un grand dramaturge en quête de légèreté.