D'apparence modeste ou luxueuse, les nombreuses maisons fortifiées qui occupent encore la campagne, invitent l'archéologue, spécialiste des châteaux médiévaux, à se pencher sur leur histoire. Celle de leurs vestiges matériels nous éclaire d'abord sur la mise en œuvre de matériaux de construction variés, de techniques architecturales originales, notamment pour les installations de confort, le chauffage, l'hygiène ; de plus, le décor n'échappe pas aux occupants, trop souvent assimilés à une population de militaires un peu rustres. La chronologie de ces habitats ruraux est désormais assez bien établie ; l'exploitation des textes et les datations par dendrochronologie pratiquées dans de nombreuses régions, permettent de situer leur phénomène d'apparition, à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle, la mise en place du plus grand nombre s'effectuant entre 1250 et 1350. Au fur et à mesure que la connaissance de la maison se précise, l'histoire de ses habitants se dévoile. Dans un premier temps, des petits seigneurs chevaliers - parfois à l'origine des premières mottes au XIe siècle -, portent le nom de leur terre, puis, avec l'avènement d'une noblesse de service, ce sont des juristes, des magistrats ou autres officiers des comtes et des ducs qui cherchent à se distinguer du reste de la population, en occupant un lieu de résidence semblable à celui des authentiques lignages. Tous appartiennent à une aristocratie laïque, au sens d'élite sociale, ils bénéficient de nombreux privilèges et d'une certaine aisance financière. Cette aristocratie inscrit dans sa résidence - un logis fortifié - les codes qui marquent son identité culturelle. Résider à la campagne, dans une maison "noble et forte" est considéré au XIVe siècle, comme un indicateur de réussite sociale. Compte tenu de la variété et de la richesse des informations que nous lègue ce "petit château", il est temps de donner un cadre scientifique à des recherches régionales trop souvent limitées à des inventaires, conduits sans autre perspective qu'un intérêt patrimonial. Cet ouvrage, qui n'offre qu'un aperçu des multiples directions de recherche proposées par les habitats fortifiés mineurs au Moyen Age, aura, nous l'espérons, rendu à la maison forte ses lettres de noblesse...