En cours de chargement...
Prenez garde : vous tenez dans vos mains un fagot de vers en feu. Franc Bardòu y a livré son désespoir, sa rage et son dégoût d'un monde qu'il voit péricliter dans un cynisme abject, égocentrique et vain, conduisant chacun à l'horreur du refus de l'Autre, au désamour global et à la solitude. Forgé, durant cinq ans, au foyer des souffrances et de révolutions qui ne savent plus naître, dans une langue qui ne sait toujours pas mourir, parce qu'une langue en flamme, qu'il jette, pentecôte profane, à la face de cette société qui ne sait plus se vivre, le poète égaré égraine ses nuits sans sommeil, un chapelet de braises, veillant sans trop y croire, aux bûchers de grands soirs où toute vanité partirait vent de cendres, dans les flammes d'amours retrouvés, d'amours que nul ne sait plus vivre.
Les mots sont ici les pavés d'une langue en révolte contre une inanité qui ne peut que la perdre. Car nulle révolte, désormais, ne saurait la sauver. Mais en son coeur brûlant, cette langue, elle, sait, en se consumant d'amour depuis son origine, comment sauver toute juste révolte. Allons aux barricades, pour une poétique de l'insurrection !