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Dans l’Amérique troublée des années vingt s’est développé un puissant mouvement syndical. Eddie Lombardo, jeune Italo-américain d’abord tenté par le proxénétisme, entame une carrière de mouchard au service du patronat. Violent, totalement dépourvu de morale, Eddie – qui se fait appeler Florio pour rompre avec sa famille « communiste » – gravit rapidement les échelons de l’International Longshoremen’s Association, organisation du port de New York bien connue pour ménager les intérêts des armateurs plutôt que ceux des dockers.
Maître ès chantage et extorsion, aussi doué pour déclencher une grève que pour y mettre fin, il n’hésite jamais à rendre « service » à ses puissants protecteurs mafieux ni à utiliser les femmes pour satisfaire ses pulsions perverses, quitte à s’en débarrasser ensuite le plus cyniquement du monde.Mais avec la guerre, l’Amérique change, et le syndicat du crime avec elle. Eddie a beau avoir passé sa vie à étouffer les « rouges », le délire maccarthyste ne le sert pas.
Devenu encombrant, trop voyant du fait de ses moeurs effrayantes, il perd la confiance des parrains. Or dans ce monde-là, mieux vaut ne pas se retrouver seul.Livre ambitieux sur l’ascension et la chute d’un odieux second couteau de la mafia, fresque dépeignant des décennies de luttes sociales récupérées par les criminels, Nous ne sommes rien, soyons tout ! renoue avec l’essence même du noir : l’Amérique de la Dépression, du syndicalisme gangrené, des politiciens véreux et des immigrés qui feront le lit du gangstérisme.
Nous ne sommes rien, soyons tout ! - Valerio Evangelisti
L'histoire débute dans les années 1920, sur la côte Ouest des USA. Seattle est une importante ville portuaire, les syndicats, très organisés, "protègent" les travailleurs. Mais sous cette organisation pointe la Mafia.
Eddie Lombardo traine sur les quais de Seattle depuis qu'il est en âge de marcher. Il est recruté par un boss local pour moucharder sur les activités des syndicats concurrents.
Payer pour observer, cela lui semble être une bonne idée...
Valerio Evangelisti nous raconte son ascension jusque dans les années 1980.
A travers son histoire c'est une partie de l'histoire des USA que livre l'auteur. De l'Amérique triomphante des années 1920, à la Seconde Guerre Mondiale, en passant par la crise de 29, nous suivons Eddie qui gravit tous les échelons de la Mafia, jusqu'à sa prise de pouvoir à la tête du syndicat des dockers du port de New-York.
Magouilles, chantages, tromperies, arnaques, tout est justifiable pour sa réussite. Sa chute interviendra alors que McCarthy et sa "Chasse aux sorcières" communistes échouent...
"We are nothing, we shall be all!"
Cette phrase - scandée par les dockers lors des grandes grèves de 1940 - et qui sert de titre, résume bien l'état d'esprit de ce peuple d'ouvriers américains, qui croient en l'impossible. Ces braves hommes d'un côté exploités par les patrons et de l'autre instrumentalisés par les syndicats a des fins criminelles.
Une fresque grandiose, richement documentée, noire et violente.
Magnifique !