Voici une abondante anthologie des Nouvelles de Bandello (1 554), qui tient compte de la variété des thèmes et registres narratifs de ce conteur de la Renaissance italienne. Fin lettré, moine courtisan, Bandello nourrit ses récits de la large expérience qu'il a acquise dans les cours princières, les campagnes militaires, les milieux ecclésiastiques. Fasciné par l'extrême diversité des " accidents qui adviennent au jour le jour ", Bandello enregistre dans ses récits, avec une inlassable curiosité, les effets d'une " fortune " aléatoire, née des aberrations de l'Histoire, ou jaillissant du tréfonds passionnel, voire pathologique, de l'individu. Soucieux de " faire " vrai, notaire de la petite histoire, il porte sur les faits nus un regard objectif, presque clinique, ce qui ne l'empêche pas d'éprouver une sympathie indulgente pour les faiblesses humaines, ni de prôner une morale de la modération, n'excluant pas la jouissance des plaisirs de la vie. Il alterne constamment les thèmes et les tonalités : faits divers burlesques ou criminels, farces érotiques, comédies de mœurs... La structure autobiographique et épistolaire de l'ensemble donne au recueil une allure journalistique. En France, en Angleterre, en Espagne, ses " chroniques italiennes " ont été adaptées ou imitées par Montemayor, Belleforest, Shakespeare, J. Ford, Webster, Camoens, Lope de Vega, Cervantes, Lope de Rueda... Un succès qui, cautionné au XIXe siècle par Stendhal, Balzac, Mérimée, etc., rebondira jusqu'à nos jours.