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Comment dire quelque chose du monde et l'effleurer sans l'égratigner, dire la frontière de soi à l'autre, dire cette géométrie du hasard qui fait qu'à un moment donné les mots nous viennent comme les images nous viennent, par surprise, par naïveté, parfois - l'enfance n'est jamais loin, de nulle part elle appelle et surgit dans une flaque d'eau, dans un flocon de neige. Un flocon de neige dans une paume chaude.
La disparition est dans l'image même ici, qu'elle se floute ou que le personnage sorte du cadre - s'échapper, sortir du champ pour un brin de liberté à conquérir, s'évader de la morne norme. Le corps, surtout. Un détail sur lequel le regard se pose. Une salière, une ligne, une courbe, une façon d'être. Je ne sais pas ce que c'est, la grâce, je ne sais pas la décrire mais je sais que parfois je la rencontre.
Je cherche le silence de l'image, le temps suspendu. Le temps de la photo n'est pas celui du monde, c'est un moment où l'on en extirpe un brin de la continuité de la vie en la capturant. Il n'y est pas question de mélancolie, ni même de technique : il est question d'accrocher le temps comme on hameçonnerait un poisson. La photo comme une course de vitesse - attraper le moment qui passe et lui substituer la beauté de l'instant.
(AW)