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Cet ouvrage interroge les "musiques du passé" selon quatre angles complémentaires : les discours scientifiques qu'elles ont suscité quant à leur origine supposée ; les tentatives de classification dont elles ont fait l'objet lors des grands congrès de musicologie ; les matériaux sonores, qu'ils soient hérités d'une tradition ou qu'ils aient été reconstruits ; les supports utilisés pour préserver, archiver et transmettre ces musiques.
Chercher à reconstruire les musiques du passé et leur histoire est une préoccupation ancienne. Depuis le XIXe siècle, l'imaginaire orientaliste a considérablement alimenté l'idée de l'existence de musiques "originelles" . Qu'il s'agisse de musiques "pharaonique" , "arabe" ou "hindoue" , une même référence au passé, vu comme prestigieux et immuable, a contribué à rationaliser les savoirs musicaux sur la base de filiations construites.
Si la période orientaliste est relativement bien documentée, le présent volume s'attache plus spécifiquement aux manières de dire et de raconter le passé au cours du XXe jusqu'au début du XXIe siècles. En réunissant anthropologues et historiens, il invite à porter une attention particulière, non plus aux seules représentations du passé mais également aux processus concrets de sa mise en récit. Les différentes contributions s'intéressent aux élaborations émanant des disciplines scientifiques, comme la musicologie et l'archéologie musicale, ou encore celles qui se jouent dans la création artistique elle-même, deux domaines qui s'inscrivent également dans des enjeux politiques locaux, nationaux et internationaux.