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S'il est vrai que seuls nous retiennent les livres qui nous résistent, voici un livre, Pages et seuils de la Nuit sentinelle, qui ne manquera pas de capter et de retenir le lecteur le plus exigeant. Mezza voce, un dire allusif, et caressant l'énigme par ses métaphores, un dire jamais dispendieux, toujours élégant, tente la manifestation de l'intime à travers la confidence la plus authentique et la moins exhibée qui soit.
Le risque pris à l'égard du sens immédiat n'est que bénéfice au regard de la poésie. La langue seconde du mage ou du voyant - cher au rimbaldien Eric Simon - fait entendre l'inouï, donne à voir l'imperçu. Mais rien n'est dévoilé, tout est patiemment infusé. On ne pénètre pas dans, on est pénétré, d'emblée et peu à peu, par un univers secret. Une dramaturgie de l'implicite s'empare, d'emblée, et peu à peu, et avec une force croissante, de l'âme du trop tranquille lecteur, et la convoque aux sollicitations inquiètes d'une mythologie dont s'animent, depuis les profondeurs, les effets miroitants.
A la surface polie, un objet de langage, radicalement neuf, et très extraordinairement poétique.