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La vérité est un souci ancien, profond et persistant qui n'épargne pas la psychanalyse. Celle-ci invite au contraire au courage de sa mise au jour, contre la pente de tout un chacun à ne rien vouloir savoir de ce qui lui est le plus propre et le plus intime. Les hommes refoulent, démentent ou rejettent en effet cette part secrète qui pourtant les anime, mais qui revêt une charge de scandale, source de honte ou de culpabilité, qui la rend inavouable.
Freud faisait de l'amour de la vérité la condition nécessaire et le ressort de l'analyse. Il l'identifiait alors à l'acceptation de la réalité et à sa pleine prise en compte. Réalité est donc le terme qui se trouve d'abord couplé à vérité, jusqu'à ce que Lacan dénonce cette notion chère aux savants, comme prêt-à-porter de l'imaginaire. Pour lui, c'est bien de vérité qu'il s'agit, dans l'expérience analytique, celle-ci portant sur le plus singulier de la jouissance de chacun.
Il mettra cependant en valeur ce à quoi Freud avait été de plus en plus sensible : les limites de la possibilité de dire. Il s'avère en effet que si la vérité ne peut que se mi-dire, l'effort pour exprimer le plus intime de soi bute sur une impossibilité de structure. Celle-ci concerne précisément ce qui est le plus vif pour les êtres parlants : leur rapport au sexe et à la mort. C'est cette part hors de portée de la parole que Lacan nommera réel, donnant à ce mot usuel un autre sens que celui qu'il revêt pour la science.
Loin d'être en effet le champ auquel devraient devoir s'étendre les progrès de la connaissance, le réel apparaît dans l'analyse comme ce devant quoi défaille tout effort de représentation. Vérité, réalité et réel sont donc les mots clés de ce livre qui regroupe exposés, travaux et conférences dont l'expérience analytique est la référence permanente.