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Eugenio Scalfari est le fondateur et le directeur d’un quotidien italien devenu une référence en Italie comme à l’étranger, La Repubblica. Homme de presse, Eugenio Scalfari s’inscrit, par nécessité, dans le flux de l’actualité, l’approche, fractionnée par la dictature de l’instant, d’une réalité toujours plus complexe et différenciée que la vision que nous en donne le Journal. Homme de culture, Eugenio Scalfari aime à prendre le temps d’écouter la respiration du monde à partir des murmures de la littérature, des myriades de petites touches que les écrivains, toute sensibilité déployée, déposent non pas dans le Journal, mais dans le Livre.
Homme de plume, Eugenio Scalfari joue sur les différents styles pour nous dresser son Panthéon des Lettres, c’est-à-dire ce que devraient être les Lumières du XXIe siècle, ce que pourrait être une République mondiale des Lettrés. C’est de ce décalage des trois identités que se nourrit ce livre de lectures. La réactivité au cours du monde ? Rien ne vaut un solide dialogue fictif, en ouverture, avec Diderot.
L’impression que le flux des choses interdit, par sa rapidité, le temps de la connaissance ? Voyez Montaigne, bâtissant une sagesse qui aujourd’hui encore fascine sur le « branloire » du monde, d’où il conclut à un scepticisme tempéré qui ruine les prétentions des idéologies, qui, dès cette époque, montre la nature humaine commune au Sauvage et au Colonisateur. S’il est des passages obligés (Kafka qui a l’intuition de ce que sera son siècle avec Le Procès ou La Métamorphose), en revanche nul n’a mieux exprimé le sentiment d’un écoulement irrémédiable qui conduit à un écroulement d’un monde – nos certitudes, nos paysages, nos conduites sociales – que Rilke, alors même qu’un autre nous apprend à saluer les configurations nouvelles –Joyce.
Si le Journal décrit le monde en surface, la Littérature nous en ouvre les portes de la compréhension.