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Clin d'oeil assumé au Paris-Berry de Frédéric Berthet, ce livre oscille entre l'envie et l'ennui. Le narrateur, cousin éloigné de Rastignac, a rêvé de la capitale et de ses mirages. Quelque peu dépité, obligé de se replier sur ses terres berrichonnes par un oukase sanitaire - plus ou moins surveillé - il navigue à vue entre les rives de la Seine et celles de la Loire, abordant les années des Trente Glorieuses avec jubilation.
Réminiscence des plaisirs parisiens et quiétude rurale forment le substrat de ses jours incertains. Exilé intérieur, dépossédé de ce qui faisait le suc de son existence, il s'adonne à la nostalgie, qui n'est plus ce qu'elle était. Drogue dure pour un doux spleen qui prend différentes formes : lectures d'écrivains oubliés, visionnage de films populaires, écoute de musique, amour des voitures, assorties de considérations pas toujours politiquement correctes, réjouissantes, menées sabre au clair.
L'auteur n'a jamais vraiment guéri de son enfance choyée, de ses promenades avec son grand-père dans les vignes, de ses souvenirs qui le ramènent sans cesse en arrière. Il doit cependant effectuer quelques incursions dans la sordide réalité afin d'écrire le scénario d'un film à sketchs. Ca demeure une diversion. Ce retour gagnant au foyer, au-delà du périphérique, est une nouvelle variation sur les vraies richesses qu'il magnifie.
D'une salubrité publique pour préserver son hygiène mentale, cet ouvrage au style impeccable, sec et fruité, est à savourer accompagné d'un verre de sancerre ou de quincy. "Le suffrage universel et les chemins de fer ont retourné Balzac. Aujourd'hui, on part de Paris pour aller réussir en province". (Jean Prévost)