Né a Paris, il travaille dans et à la lisière des villes - celles où il vit, celles où il va. Multipliant les allers et retours dans les lieux observés et au gré des rencontres avec les personnes photographiées, cela pendant plusieurs ans durée déterminée. Ainsi réalise-t-il Paris-Nord, une série de photographies sur des usagers de la gare du Nord et les dispositifs mis en place pour les "contraindre".
Depuis 2003. Plus récemment, et sans pour autant interrompre les séries entamées - qui se chevauchent et emplissent la saisie d'une topologie des formes et dispositifs adoptés par les acteurs des procès, processeurs, et autres procédures - politiques vastement de dévastation - techniciens de surface à la botte des petits marquis de "l'administration de la peur" - , Wasteland, CityWalk, Calais sont les recherches en cours autour des notions d'Occupation et d'invasion menées dans les friches urbaines de Seine-Saint-Denis et au-delà.
Il s'agit peut-être de dresser et de dépasser la figée photographique d'une concaténation systématique de systèmes de contre-insurrection : les intersections de ces différentes séries cristallisent les enjeux de domination et d'abus de tous les pouvoirs, économiques, esthétiques ; dérisoires pourtant toujours à l'oeuvre. Un chant de condensation pour les espaces meurtris et les espèces qui tentent d'y vivre.
Manuel Joseph. Pour mémoire. Le travail de recherche de Myr Muratet dont sont issues les photographia de ce livre trouvé la bienveillance des personnes rencontrées et photographiées. L'auteur n'a coi. bien souvent que leurs prénoms Gare du Nord : Gillou, Patrick, Laurent, Marie, Benjie,Rachida, L'Avion, Bernard, Dominique, Denis. Morts depuis ou disparus. De Stalingrad à la Chapelle, sur le terre-plein du métro aérien : les amis Ibrahim et Abdala.
Dans les friches urbaines du nord de Paris : les ferrailleurs du sentier de la Prêtresse à Stains, Poussin et Pingouin ; les familles roumaines Rat, Caldarar, Carolea et, parmi elles, Traian, Ana, Negre, Nini, Coeoe, Danciu, Tuta, Novac, Culaï, Buca, Buba, Cosmim Petru, Rodica, Cerasela, Benon, Eva, Gabi, Robert, Vali qui ont ouvert à l'auteur les portes de leurs baraques. Il les a suivis de bidonvilles en campements au gré des expulsions, des évacuations et autres "mise à l'abri" dont la fréquence est corréler à l'avancement des chantiers du Grand Paris.
A Audrey Muratet qui m'introduisit à la nature sauvage des friches.