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L'expression française "parler petit nègre", bien que de moins en moins employée aujourd'hui en France, semble soulever, si ce n'est explicitement, du moins dans les imaginaires collectifs sociolinguistiques, une foule de représentations plus ou moins conflictuelles. Réalité sociolinguistique, le "petit nègre" est défini comme un français incorrect, sommaire ou rudimentaire parlé par les indigènes des anciennes colonies françaises (par extension, un style embarrassé) et suscite malaise, gêne, amusement et indifférence feinte.
C'est en tout cas ce que révèle l'enquête dont l'ouvrage rend compte. Mais si les enquêtés sont tous d'accord sur le fait que cette réalité est fautive du point de vue de LA norme (considérée ici comme idéal puriste), leurs attitudes s'étalent, selon l'âge, l'origine ethnique et la catégorie socioprofessionnelle, sur un éventail plutôt large, qui va du déni à la revendication. Le "parler petit nègre" pose aussi problème quant à sa dénomination et sa classification.
Il semble que le désignant et la réalité qu'il décrit soient uniques, car ne répondant pas facilement aux critères définitoires d'autres éléments du paradigme de la langue (par rapport à la norme) : interlangue, dialecte, interlecte, idiolecte, régiolecte, sociolecte, pidgin, créole, charabia...