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Après la "langue du lecteur" , les contributions rassemblées dans ce nouveau volume du séminaire Approches Interdisciplinaires de la Lecture (12e session) s'interrogent sur la lecture comme performance, sur des "paroles de lecteurs" . Le pluriel semble de mise : si la parole engage un sujet, en-deçà de son discours, elle ne saurait s'abstraire de l'ensemble des déterminants, reconnus ou plus ou moins occultés, qui contribuent à en forger le tour particulier, oral ou écrit.
Parmi les jeux de rôle subsumés sous la catégorie du lecteur mais socialement codés, on retrouve les fonctions de traducteur, d'éditeur, de critique ou de lecteur ordinaire, mais aussi d'auteur, fonction devenue depuis le siècle dernier hautement problématique. Acte de langage, la parole de lecteur se trouve en effet face au texte écrit confrontée au paradoxe d'un sujet-auteur absent, absenté, hypothèse devenue inutile depuis la proclamation de la "disparition élocutoire du poète" .
Dès lors faut-il n'admettre que des paroles de lecteurs et faire l'économie d'une "parole d'auteur" , renvoyée au néant de son insignifiance ou de son éloignement irrémédiable, de sa mort symbolique ? Doit-on au contraire, sous le signe de la parole, rendue au jeu interlocutif et au processus langagier de contre-interpellation, faire une place dans la pensée littéraire, à "l'incompréhensible pluralité des individus dans l'espèce" ?