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Aucune cause naturelle ne poussait les Fribourgeois à s'expatrier par milliers, génération après génération, comme ils l'ont fait au XVIIe et au XVIIIe siècles. Ce ne sont ni la pauvreté du sol ni la crainte des famines qui les contraignaient à partir. Au contraire ! Leur émigration était la conséquence du développement économique. Fribourg s'enrichissait en vendant son gruyère, mais quand les herbages remplacent les cultures, il y a vite des bras en trop.
Comment écouler ces excédents de main-d'oeuvre ? Le régime patricien trouva la solution dans le mercenariat. Les paysans en surnombre, jeunes, bien nourris, costauds, seraient loués comme soldats au roi de France. En échange, celui-ci garantirait l'approvisionnement de Fribourg en sel, une denrée stratégique pour les éleveurs et les fromagers. L'aristocratie locale, spécialisant ses hommes dans le métier des armes, encadrerait les troupes fournies à Sa Majesté, et recevrait en retour des titres, des pensions, des gratifications.
Ce système d'échanges en circuit fermé, parfaitement intégré par les soins de l'Etat, a marqué jusqu'à nos jours la culture et le paysage de Fribourg. Voici donc un livre d'histoire militaire sans bataille ni héros. Il compte, nomme et décrit des migrants armés de fusils : comment se débrouillaient-ils pour partir, tenir le coup loin du pays, rentrer chez eux ou refaire leur vie en France ? Ce livre raconte l'invention de la politique migratoire à Fribourg au temps des patriciens.