Enfant trouvée, Penelope Butler n'a jamais connu de vrai foyer. Elle va donc, après son mariage, consacrer toute son énergie à construire une cellule familiale idéale - celle dont elle a rêvé durant toute son enfance solitaire. Mais son rêve s'écroule lorsque son mari est tué durant la Deuxième Guerre mondiale et qu'elle se retrouve seule pour élever ses quatre filles. De 1944 jusqu'au bout des années quatre-vingt, nous assistons donc aux efforts désespérés de Penelope pour poursuivre son grand projet face aux difficultés de la vie quotidienne, aux coups du sort et, surtout, à l'incompréhension de ses filles. C'est à travers un curieux " journal à deux mains " que nous est contée l'amère et ironique histoire de cet échec collectif. En effet, adulte, Rosemary, l'aînée et la plus douée de ses filles, est tombée sur les carnets personnels de sa mère, que nous lisons et découvrons au même rythme qu'elle. Et, exaspérée par les efforts de Penelope pour gommer ou édulcorer les aspects les plus noirs de l'histoire familiale, la fille entrecoupe le récit de la mère de ses commentaires acides - et de sa propre version des faits. C'est sur cet affrontement presque pirandellien que Margaret Forster a construit, avec toute sa virtuosité romanesque, ce saisissant portrait de femme, qui se révèle en même temps une exceptionnelle peinture de la société britannique lors de ses plus difficiles mutations.