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Ce livre c'est, au fond, l'histoire d'un mot : le mot "persiflage" qui est une sorte de "faux ami" dans tous les sens du terme. On croit le connaître mais il recèle des sens différents depuis son invention au XVIIIe siècle. Il est apparu brusquement vers 1734, et il a connu aussitôt un immense succès dans la société mondaine, avant de décliner tout aussi rapidement dès le début de la Révolution. C'est un mot clé de la littérature du siècle mais il désigne aussi très concrètement les pratiques mondaines de l'époque, liées au langage.
Après avoir servi à désigner le jargon ampoulé et frivole des jeunes élégants de la Cour, il est appliqué à l'art libertin de la mystification puis à la gaieté philosophique. Voltaire, Rousseau, Diderot, Crébillon, Laclos, Rivarol, mais aussi beaucoup d'auteurs moins connus s'essayent aux différentes formes du persiflage, objet tout à la fois de fascination et de scandale, et révélateur subtil des paradoxes de cette période d'avant la Révolution.
Aujourd'hui si le mot persiste, il a changé de sens. Mais il reste bien présent dans le langage contemporain. Notamment en politique où il s'assimile à la médisance et à la moquerie, à l'art de dire du mal et de pratiquer des joutes oratoires entre manipulations, mensonges et injures politiques. Cette enquête érudite, drôle et passionnante, apporte un éclairage neuf sur le rire si particulier du XVIIIe siècle, et donne à réfléchir sur la nature et le sens de notre propre rire, sans doute aussi ambigu - entre conservatisme et subversion - que celui de l'âge des Lumières.
Cet ouvrage a été publié pour la première fois en 1998 par les PUF. C'est un ouvrage de référence dont la réédition est attendue par le milieu universitaire, comme en témoigne la participation d'Arlette Farge, pour qui ce livre a été essentiel.