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Le mouvement @MeToo dénonçant les dérives sexuelles - les viols, les meurtres de femmes, le harcèlement - n'est pas sans effets sur le malaise sexuel actuel. Mais il résulte aussi d'une vieille histoire depuis la rupture introduite par les premiers penseurs chrétiens dissociant l'amour et l'érotisme. Cette dissociation chemine encore souterrainement et rend compte de l'absence dans l'acte sexuel de ce que Freud a appelé le gain de plaisir chez les hommes.
Lors de la guerre de 1914-1918, la terreur, ressentie par les hommes avant l'assaut, mobilise l'ensemble des zones érogènes de leur corps. L'érotique masculine reste indissociable de la vue des charniers. Rejoignant l'injonction religieuse de pureté, elle y garde une caractéristique féminine qui entre inconsciemment dans la sexualité. Les hommes rejettent ce vécu à la fois traumatique et féminin, les femmes y oublient le deuil et l'angoisse ressentis.
Dans l'après-guerre de 1939-1945, garçons et filles tentent de se reconstruire dans une sexualité réduite à l'exploit où l'érotique est dissocié de l'amour. La montée du féminisme radical percute ces hommes et ces femmes habités par les marques de la terreur et les deuils non accomplis de la barbarie de XXe siècle. Transmises d'inconscient à inconscient, ces marques placent l'érotique masculin face à des femmes qui à la fois empreintes de cet héritage traumatique et du discours patriarcal, deviennent alors incapables de transmettre à leurs filles le gain de plaisir.
Des féministes en arrivent à demander à ces garçons d'être vierges tout comme les premiers penseurs chrétiens. Le malaise sexuel actuel trouve son origine dans la difficulté de rencontre entre un homme et une femme où pourrait s'éprouver cette jouissance première partagée avec la mère.