Dans l'esprit des Égyptiens de jadis, la vie de Pharaon est menacée mais constamment protégée à l'aide de formules magiques contre la mort qui rôde. Dans l'ombre du harem, à toutes les époques éclatent des conjurations comme celle qui défraya la fin du règne de Ramsès III, impliquant de hauts dignitaires de la cour. La tradition historique permet d'établir, entre le règne du roi Ménès jusqu'aux Césars en passant par les Ptolémées, d'étranges récits de morts par accident, assassinat, guerre, exécution, et même suicide. L'historiographie, la pseudo- histoire, les légendes mêmes se sont emparées de ces faits troublants dont on parle à mots couverts dans les documents officiels de peur d'éveiller le mauvais oeil. Othoès, rappelle l'illustre Manéthôn, est assassiné par ses gardes. Amanemmès tombe sous les coups de ses eunuques. Achthoès, devenu dément, périt broyé par un crocodile. L'archéologie parle : Séqenenrê Taâ est marqué des stigmates mortels en guerroyant contre les Hyksôs. La mythologie n'est pas en reste, qui, prenant exemple de règnes troublés où la succession dynastique est en danger, assigne aux souverains divins les misères des humains : Rê est victime de complots en cascade visant à le déposer et à lui ôter ses pouvoirs; Osiris meurt, assassiné par traîtrise par son frère Seth et ses conjurés, et combien d'autres rois divins perdent la vie. Par "Pharaon foudroyé", on entend l'interruption brutale de l'existence du plus puissant monarque de son temps, ses conséquences sur les mentalités et l'histoire, véritable leçon sur la survie en milieu hostile, parfaitement assimilée à l'époque lagide.