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Le Phédon, raconte une mort, celle de Socrate. Mais le récit de cette mort singulière est occasion de tenir un discours différent sur la mort. Car Socrate meurt après avoir parlé, après avoir arraché à la mort son " masque " effrayant de sorcière, et en pariant sur l'immortalité de nos âmes. Avec lui la mort fait son entrée dans la philosophie. Elle y fait d'ailleurs une entrée remarquée puisqu'on va découvrir que mort et philosophie se livrent au même travail de Pénélope, en défaisant ce que la vie a tissé et en délivrant l'âme de son oubli d'elle-même.
Il est impossible de lire ce dialogue-là tout à fait comme on en lirait un autre. Platon, qui n'assistait ni à ce dernier entretien ni à ces derniers instants, les élèves à une vérité plus haute que toute exactitude historique. Et Socrate qui, " demain ", ne sera plus là, est présent comme il ne l'a jamais été. Socrate doit mourir, il meurt ; il n'est pourtant pas mort, et le Phédon est la meilleure preuve de son immortalité.