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L'opposition paraît irréductible entre ceux qui soutiennent qu'il n'y a pas de vérité ou que celle-ci ne peut être commune ("à chacun la sienne") et ceux qui affirment la possibilité de cette vérité, même si notre intelligence ne l'appréhende jamais dans toute sa plénitude. Incontestablement, au sein du monde occidental contemporain, les premiers tiennent le haut du pavé, les seconds se trouvant fréquemment confrontés à la suspicion de nourrir des projets de totalitarisme ou de guerre sainte.
Renouer avec le vrai, qui est l'adéquation de la pensée et du réel, c'est refuser tout à la fois l'individualisme qui fait du moi la mesure de toute chose, le grégarisme qui soumet ce moi à l'opinion publique fluctuante et l'idéalisme qui impose au moi comme au nous le carcan de réformes ou de révolutions pensées en chambre. "Cette ancienne trinité que composent la vérité, la bonté et la beauté n'est peut-être pas simplement une formule vide et flétrie comme nous le pensions aux jours de notre jeunesse présomptueuse et matérialiste" déclarait Alexandre Soljenitsyne en 1970 dans son discours pour le Nobel de littérature.
Telle est la conviction que ce livre entend défendre et illustrer.