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Thème secondaire, mais thème constamment présent dans la littérature poétique ancienne, la richesse et la pauvreté méritaient une étude systématique de leur vocabulaire, et de son emploi. Le lexique de la pauvreté et de la richesse en poésie s'organise essentiellement dans l'opposition entre trois termes abstraits pour la richesse (aphenos, olhns et piaulas) et un pour la pauvreté (penia) : il apparaît donc que l'un des champs lexicaux est privilégié au détriment de l'autre et que la misère matérielle n'avait que peu de place dans la littérature poétique ancienne.
Les nuances sémantiques et les variations stylistiques entre aphenos, richesse de prestige, ()Ibos, "bonne" richesse aux connotations divines et aristocratiques, et ploulos, richesse "mauvaise", mortelle, corruptrice et barbare, nous renseignent sur les représentations, notamment entre Grecs et Barbares, et sur leurs évolutions, qui rappellent la montée de la bourgeoisie, notamment industrielle, dans l'occident contemporain, avec la même opposition entre ancienne et nouvelle richesse.
Le lexique de la pauvreté, avec penia, reste rare, comme attendu dans une littérature surtout aristocratique, avec les exceptions de Théognis, aristocrate victime de la révolution démocratique, ou Euripide, et Aristophane, qui s'intéressent aux questions de société, et surtout à l'isolement social, affectif, et politique du pauvre. Enfin le p<<ïchos (le mendiant) comporte les mêmes éléments, mépris et exclusion, mais avec la dimension folklorique du "dieu déguisé", et le déguisement d'Ulysse lors de son retour, mythe célèbre qui connaît de nombreuses variations, notamment chez Sophocle et Euripide.
Par l'analyse de toutes les occurrences de ces mots dans les plus grands textes de la littérature grecque antique (épopée, lyrisme, poésie tragique), cet ouvrage apporte non seulement la compréhension du statut de la richesse et de la pauvreté dans l'antiquité, niais permet une meilleure compréhension des textes, de leurs enjeux et de leurs intentions.