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Malgré le regain d'intérêt, ces quinze dernières années, pour l'étude de la presse du XIXe siècle, un titre phare de la fin de siècle, Le Chat Noir, n'a jamais fait l'objet d'une étude approfondie en tant que journal. C'est en effet surtout à l'histoire de l'art ou de la culture montmartroise que nous devons la majorité des recherches sur ce périodique, qui est souvent réduit à une fonction d'archive.
Ses textes, ses illustrations, relevant essentiellement de la blague, n'auraient guère d'intérêt, à l'exception des productions de quelques collaborateurs notoires — Paul Verlaine, Alphonse Allais, Léon Bloy, Caran d'Ache, Jules Jouy, Charles Cros, Willy, George Auriol, Adolphe Willette — qu'on a souvent détachées de leur contexte de publication original pour les mettre en recueil. Comment expliquer alors la longévité de cette feuille — quinze ans, 690 numéros — si son contenu était d'une telle indigence ? Ce livre se propose de poursuivre l'exploration du Chat Noir — entendu ici comme l'ensemble des pratiques qui s'organisent sous cet emblème : une revue, un cabaret et un collectif — en envisageant comme centrale la question de la production écrite.
En somme, de prendre au "sérieux quand même" les écrits d'un collectif qui, de façon systématique, tourne en dérision tout discours sérieux et les codes qui en découlent, et peut à ce titre aujourd'hui souffrir de sa réputation blagueuse.