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Tournée des librairies, salons, foires du livre : toutes ces étapes de la promotion d'un livre nous sont devenues si familières qu'on en oublierait presque leur caractère étonnant. Avoir écrit un livre ne suffit-il pas ? Cette publicité de l'auteur qui doit payer de sa personne pour vendre son ouvrage existait déjà, sous des formes à peine différentes, sous la monarchie de Juillet, marquée par une croissance exponentielle du commerce de l'imprimé.
Décrit comme un commerçant des lettres, l'écrivain est alors assimilé dans les discours critiques à une prostituée. A l'image de la prostituée, l'auteur ne permet-il pas de voir l'envers du décor ? N'est-il pas, comme elle, un passeur, un porte-regard ? Des années 1830 à l'orée du XXe siècle, la figure de l'auteur se reflète dans ce personnage romanesque en vogue, métaphore de lui-même. Le destin de la prostituée figure celui de l'homme de lettres et de son ouvre, au cours d'une période où la démocratie peine à s'installer et où le modèle aristocratique de l'écriture est vivement contesté.
C'est ce portrait en miroir que présente cet ouvrage, à travers les ouvres de Zola, Balzac, Sue, Dumas fils. Une lecture originale croisant l'histoire du statut de l'écrivain et les marges de la société.