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Les termes "Antiquité et éducation" constituent un binôme clef pour qui souhaite s'attacher à l'étude des civilisations classiques ou pour celui dont les centres d'intérêt, bien que plus vastes, l'amènent à utiliser les mots "pédagogie" et "éducation", deux termes respectivement issus de l'expérience et de la langue des Grecs et des Romains. Du fait de cette importance capitale, il est malaisé de dresser un bilan ou un tableau global de l'éducation dans le monde antique.
Si par "éducation" on entend les processus d'intégration sociale et culturelle qui structurent la personnalité d'un individu, ou la transmission d'un système plus ou moins organisé de connaissances et de valeurs, alors le terme "éducation" coïncidera en grande partie avec les notions plutôt vastes de "civilisation" et de "culture". Notre prétention ici n'est pas de redéfinir l'histoire de l'éducation dans l'Antiquité.
Nous nous contenterons de suggérer de façon sélective et subjective quelques lignes directrices afin d'aborder ce sujet d'une manière partiellement différente de celle adoptée par Henri Irénée Marrou dans son oeuvre principale sur ce thème. Cette approche différente pourrait être illustrée par une modification du titre de l'oeuvre de Marrou, de sorte que l'Histoire de l'éducation, au singulier, deviendrait plutôt l'Histoire des éducations dans l'Antiquité, ce qui met l'accent sur la pluralité des éducations à l'oeuvre dans le champ si vaste de l'histoire ancienne.
La période archaïque, plus encore que la période classique (Ve-IVe siècle) et hellénistique (IVe-IIe siècle), se révèle être un champ d'observation privilégié ainsi qu'une étape cruciale pour les processus formatifs et culturels dans le monde grec. Dans cette optique, il est possible de réviser le schéma proposé par Marrou d'une courbe ascendante qui atteint son apogée et se stabilise à l'époque hellénistique.
Ce que nous appelons les Dark Ages ne sont obscurs que pour nous ; ils préparent en réalité ce qui a été présenté avec un certain enthousiasme comme la "Renaissance grecque" du VIIIe siècle avant J-C, c'est-à-dire une période où l'innovation se lie à une tradition qui jamais n'avait été perdue ou éclipsée. A cette époque fleurissent à grande échelle des initiatives, des expériences et des contacts qui poussent le peuple hellénique à agir et à interagir dans un contexte qui déborde de l'Hellade pour englober la Méditerranée tout entière, c'est-à-dire un espace "clos mais ouvert", centre de l'univers alors connu, "ciment liquide" où circulent hommes, marchandises et idées.
Les poèmes homériques - l'Iliade, qui narre la guerre de Troie en Anatolie, et l'Odyssée qui relate les pérégrinations d'Ulysse sur les mers loin de sa patrie - attestent bien d'un tel climat d'ouverture sur de grands espaces, que confirme par ailleurs la pluralité des influences proches-orientales (mésopotamiennes, égyptiennes et iraniennes) que l'on retrouve dans cette épopée.