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Pour saluer Apollinaire offre en dix nouvelles une lecture de certains poèmes d'Alcools. Parfois il s'agit d'un lien lâche, juste le souffle d'un exergue ; parfois, en revanche, la nouvelle ne pourrait exister sans le poème choisi qui la traverse, la nourrit, l'imprègne. Les époques évoquées sont souvent imprécises et la volonté d'intertextualité très forte. Chacun des récits salue Apollinaire de loin, avec amitié dans le même esprit qui animait le poète mettant en scène " Les sapins " qui saluent leurs frères abattus/ Les bateaux qui sur le Rhin voguent ou les enfants des " Saltimbanques " qui de très loin font signe à chaque arbre résigné.
C'est sans doute parce que saluer est salutaire qu'il est perçu depuis Giono saluant Melville comme un geste poétique traversant le temps et se réactivant par la grâce de chaque lecture qu'on lui accorde. Le pouvoir d'envoûtement du poète Guillaume Apollinaire est tel qu'il transcende le temps et l'espace ; il secrète une amitié qu'il a portée haut toute sa vie durant et qu'une approche bienveillante et admirative de son oeuvre répand encore.
C'est le privilège de la littérature de rendre possible cette amitié secrète et inconnaissable. Dans ces nouvelles de délicates affinités font tenir ensemble des mondes disjoints et le contemporain ne rend pas anachronique, ici, les références aux poèmes d'Alcools. Il faut tout au contraire se dire que le voeu le plus intime de l'auteure c'est que la liqueur à laquelle il faut revenir impérativement qu'on lise ou pas ses textes, c'est le retour aux poèmes eux-mêmes et ne pas oublier la devise du poète enchanteur j'émerveille.