Problèmes liés aux effets des faibles doses des radiations ionisantes

La question de l'exposition aux faibles doses de radiations ionisantes et des risques qu'elle représente pour les populations et les professionnels s'est trouvée à nouveau posée avec les recommandations de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) d'abaisser les normes édictées précédemment, et acceptées comme guide pour l'organisation de la radioprotection par les pays concernés et les grands organismes internationaux. Interrogée par le ministre délégué à la Santé sur les arguments scientifiques mis en avant par la CIPR en 1990 et sur lesquels celle-ci fonde sa position, l'Académie des sciences a repris ces arguments à la lumière des acquisitions scientifiques de ces dernières années. L'analyse a porté : - d'une part, sur les aspects épidémiologiques et dosimétriques qui interviennent dans l'estimation du risque radiologique, - d'autre part, sur les aspects cellulaires et moléculaires des mécanismes de réponse, normale et perturbée, à l'irradiation. Du point de vue épidémiologique, le constat de l'absence d'effet cancérogène pour des doses inférieures à 2000 millisiverts et la réévaluation de données issues de Hiroshima et Nagasaki, conduisent à réviser la méthodologie des études à poursuivre, pour une appréciation plus exacte des effets des faibles doses, en prenant en compte, en particulier, l'influence du débit de dose, élément important que la recherche fondamentale a mis en évidence dans l'estimation du risque. Les progrès de la biologie cellulaire et moléculaire ont permis de montrer que l'extrapolation linéaire des fortes aux faibles doses retenue par la CIPR il y a trente ans, faute de données directes, n'est pas en conformité avec les données actuelles. La connaissance des mécanismes biologiques complexes impliqués dans la réparation des lésions de l'ADN et dans la cancérogenèse devrait éclairer le débat de manière irrécusable. L'Académie des sciences a constaté qu'il n'existe pas de fait scientifique indiscutable et récent en faveur de l'abaissement des normes en vigueur en France, mais prend acte de la position d'une petite minorité des membres du groupe de travail qui approuve, à des degrés divers, les propositions d'extrême prudence de la CIPR.