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Quand bien même le Projet d'une loi portant défense d'apprendre à lire aux femmes (1801) de Sylvain Maréchal se présenterait comme une plaisanterie "aimable", il développe la plus grande partie des arguments misogynes que l'on peut trouver dans une tradition littéraire "machiste" qui se poursuit aujourd'hui. Sa conclusion est radicale : si on souhaite conserver quelque autorité sur les femmes, il convient de les tenir éloignées de la lecture et de l'écriture, c'est-à-dire de la connaissance.
Dès 1801, deux femmes font paraître à quelques jours d'intervalle des réponses argumentées à ce qu'elles tiennent au mieux pour une "sottise", et au pire comme la production d'un "esprit dérangé", remettant Sylvain Maréchal à sa vraie place de bouffon réactionnaire. Marie-Armande Gacon-Dufour écrit un prudent et subtil Contre le projet de loi de S. M. portant défense d'apprendre à lire aux femmes par une femme qui ne se pique pas d'être femme de lettres ; Albertine Clément-Hémery, plus démonstrative, rédige un violent Les femmes vengées de la sottise d'un philosophe du jour ou réponse au projet de loi de S.
M. portant défense d'apprendre à lire aux femmes. La confrontation de ces trois textes publiés ici conjointement éclaire, au-delà de la période révolutionnaire, les arguments auxquels ont encore recours nombre de nos contemporains.