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A l'heure où la défense des "éducations à l'égalité" semble plus audible et plus urgente et où les polémiques autour de la "théorie du genre" à l'école dramatisent la nécessité de se positionner en tant que féministe sur le terrain éducatif, cet ouvrage constitue une rupture épistémologique avec des impératifs tactiques qui semblent s'imposer d'eux-mêmes. En refusant de considérer qu'il va de soi que l'éducation est une modalité de la lutte féministe, l'autrice se propose de faire un pas de côté afin de mener un travail de clarification conceptuelle.
Il s'agit ici de suspendre le postulat selon lequel l'éducation serait une évidence féministe pour laquelle les seules questions qui persistent seraient d'ordre technique, et se réduiraient au "comment faire ? ", afin de revenir à une interrogation plus fondamentale, celle du "pourquoi faire ? ". En effet, si l'éducation est bien omniprésente historiquement dans les revendications féministes, sa place mérite d'être problématisée philosophiquement.
Alors même que le féminisme connaît de nombreuses transformations et variations, l'éducation en est une constante historique, et c'est précisément pour cela qu'elle mérite d'être étudiée de façon critique : la forte persistance de cette tradition jette en effet un soupçon sur sa consistance théorique et politique. De l'éducation conçue comme un droit auquel les femmes devraient également avoir accès jusqu'aux institutions éducatives utopiques qui subvertissent la frontière entre privé et public, en passant par la coéducation, la sororité émancipatrice et les pédagogies féministes, cette recherche vise à mettre en lumière les partis-pris épistémologiques, les dialectiques et les tensions qui traversent la conceptualisation de l'éducation au prisme des féminismes.