De l'autorité, il n'existe plus aujourd'hui qu'une lecture en creux : seule son absence est soulignée. A gros traits. La famille, l'école, la justice, l'Etat, l'Eglise... n'auraient plus la capacité de l'exercer ou de la transmettre. Ce vide expliquerait la violence émergente. Penser ainsi, c'est se débarrasser un peu facilement d'une question constitutive de toute société. En voulant l'associer uniquement au pouvoir et au contrôle social, on s'abstient de penser l'autorité, de la réinterroger à la lumière des connaissances et des expériences sociales actuelles. Or, l'autorité vaut mieux que cela. Vouloir réhabiliter une réflexion sur l'autorité est une démarche nécessaire. Nulle nostalgie, nulle quête d'un passé révolu dans cette volonté. D'ailleurs ce passé-là est une conception pétrie d'illusions, un âge d'or imaginaire, fantasmé. Car l'autorité n'a jamais régné. En évitant un regard tourné vers un idéal prétendument perdu, ce livre a pour but de nous inviter à imaginer des nouvelles formes d'un "vivre ensemble" et des figures inédites de l'autorité. Et ce, dans une société où la technique éprouve nos modes de penser et de faire, où la hiérarchie des places est brouillée et où les mécanismes de sa reconnaissance sont grippés.