Comme elles sont belles ces attentes qui accompagnent avec légèreté l'instantané de nos vies sans se laisser séduire par un temps idéal uniforme. Comme elles sont grandes nos impatiences jamais comblées qui nous conduisent à saute-mouton au-dessus de l'espace et nous aident sans cesse à nous retrouver. Comme elles sont tendres nos attentes de coins de rue, de portes entrouvertes et de pas attendus, nichées dans le secret de nos désirs et de nos craintes. L'attente exulte aussi en certaines souffrances dominées par des chemins étonnants et secrets. Ces voies surprenantes et étranges issues de nos fragilités et de la désespérance de nos conditions humaines, dont nous réclamons l'accès, pas seulement pour tenter de tout racheter, mais aussi pour combattre l'inutile et le dérisoire, l'effroyable et l'inacceptable : et vivre... Faut-il alors que la somme de toutes nos attentes, le produit fragile issu de l'infini de toutes nos patiences durement gagnées, arrachées sur le sol dérobé de la sagesse, ne se résume finalement qu'à un passage, un éphémère, une illusion ?