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De la rue à la galerie... Le Street Art est-il toujours un art dissident ? Cette question s'avère légitime car, étant toujours plus institutionnalisé, il est parfois même protégé sur certains murs de la ville et source de hausses de prix de l'immobilier. Considéré autrefois comme une pratique déviante, il est devenu un symbole de gentrification et trouve aujourd'hui sa place dans les musées du monde entier.
Dans le même temps, il maintient un lien fort avec l'espace public et nourrit, favorise toujours le dialogue entre l'art et la ville auprès d'un large public. Alors s'agit-il désormais surtout d'un art devenu élitiste ou, issu de la rue, le Street Art échapperait-il pour partie encore au marché de l'art et aux commandes officielles ? Qu'en est-il plus spécifiquement à Bruxelles ? Comme toutes les grandes villes européennes, Bruxelles a été touchée par le phénomène du tag et du graffiti.
Si ce phénomène reste lié à des connotations négatives, une nouvelle génération d'artistes urbains font désormais bouger les lignes : en diversifiant la palette de leurs interventions, en travaillant dans un esprit de collaboration plutôt que d'opposition avec les autorités publiques et les institutions officielles - jusqu'à intervenir dans le cadre de commandes contractuelles, souvent par le biais d'associations de droit ayant pignon sur rue.
Cet ouvrage, qui fait suite au colloque international organisé à l'ULB/Université libre de Bruxelles (De la subversion à la subvention : l'art urbain entre pratique illégale et commande publique à l'âge du capitalisme culturel), souhaite dépasser les clivages entre les "vandales" du graffiti et les "vendus" du Street Art pour observer des situations inédites tant du point de vue de l'esthétique, de la sociologie, de la politique, du management culturel ou de l'économie.
Plus largement, le contexte est celui de la ville créative et des imaginaires urbains à l'ère du capitalisme culturel, particulièrement à l'endroit d'une tension entre une approche libertaire et une approche entrepreneuriale de la culture. En miroir de cette approche théorique assurée par des chercheurs spécialistes des différents aspects de la question, l'ouvrage présente, avec une riche documentation inédite, une douzaine de projets, d'artistes ou d'associations représentant le dynamisme artistique du Street Art bruxellois contemporain, comme Farm Prod, Dynamic Art, Fais le trottoir, Urbana, Propaganza, Costik ou Lezarts urbains.