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Aujourd'hui, la critique tend à reconnaître, à l'origine de notre littérature, l'importance capitale des Romans d'Antiquité, et en particulier de ce chef-d'oeuvre qu'est l'Enclos. Son auteur, en s'inspirant de l'Euclide de Virgile, s'est livré, dans le sillage du Roman de Thèbes, à un jeu créateur et original de suppressions, de réductions, de synthèses et de substitutions, tout en reprenant à la chanson de geste des thèmes et des procédés ; surtout, on assiste à l'émergence du genre romanesque par le développement des épisodes amoureux, du rôle des femmes et des portraits, par l'utilisation habile du dialogue et du monologue, par les intrusions du narrateur, par une écriture nouvelle qui crée le style courtois de la littérature romanesque en cultivant les métaphores amoureuses empruntées à Ovide et l'amplification liée à l'esprit d'analyse.
Autour d'un héros principal qui, par l'introspection et la découverte de soi-même, accède au statut romanesque, cette oeuvre de forte cohésion aborde, à propos de l'amour, des problèmes d'importance : l'inquiétude sur la réciprocité du sentiment, le partage, l'aveu, la suprématie dans le couple. Le romancier a su donner à la réalisation de la volonté divine un processus tout psychologique, puisque l'amour naît spontanément dans le coeur des époux et que le dénouement de l'intrigue amoureuse est étroitement lié à celui de l'action guerrière.