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"A Brazzaville, la nature prodigue une telle magnificence quelle détourne d'abord l'attention de ce que les colonisateurs ont bâti là, une ville blanche largement étalée, flanquée de deux villes noires construites à chacune de ses extrémités... J'eus très Mt la certitude que les villes noires n'étaient pas des périphéries à tenir en oubli, des agglomérations qui enfermaient en leurs limites une population de déracinés à utiliser et à cantonner selon la règle de chacun à sa place.
J'y voyais au contraire un nouveau monde social en devenir, un milieu créatif où s'expérimentaient des relations inédites, où se manifestait la confrontation conflictuelle du traditionnel et du moderne." (Conjugaisons, 1997). Ainsi s'exprimait, à propos de Poto-Poto et Bacongo, les deux "Brazzavilles noires" qu'il arpente en 1948, Georges Balandier, l'un des anthropologues et sociologues africanistes de langue française les plus connus aujourd'hui.
Auteur notamment de Afrique ambigüe (1957), Anthropologie Politique (1967), Sens et Puissance (1971), Le Pouvoir sur scènes (1980), Le détour : pouvoir et modernité (1985), et surtout de la Sociologie des Brazzavilles noires (1955) ainsi que de la célèbre Sociologie actuelle de l'Afrique noire (1955), dans laquelle il a livré, entre autres, sa lecture critique de la "situation coloniale". Trois ans après sa disparition, ce "retour" aux sources congolaises de ses travaux rassemble, ici, les contributions présentées lors du colloque qui lui a été dédié, à Brazzaville en 2018, par des universitaires locaux et par leurs collègues venus d'ailleurs.
Une manière d'appropriation individuelle et collective de l'empreinte intellectuelle, toujours présente, de cet inoubliable "élève de l'Afrique", comme il aimait le dire.