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Poète phénomène, poète énergumène, Jean-Pierre Verheggen est l'inventeur d'un genre nouveau, l'opéra-bouche : un opéra où il opère à vif, où il profère à la vitesse du son le parler grand nègre qui produit l'ouïssance, à la fois jouissance de l'oreille et par l'oreille. En liberté dans les fourrés et les coups fourrés du langage, il donne une oeuvre qui est à recevoir dans la résonance ferroviaire de sa voix, avec sa verve de grande déferlante, son swing de boxeur des lettres, sa fantaisie féroce.
Le souffle, ici, charrie tous les essoufflements. Le chant, ici, est de savante cacophonie. La poésie, ici, s'octroie le burlesque et l'outrance, le tragique et l'outrage. Elle est sans frein, sans remords, sans pitié. Comme le souligne Marcel Moreau dans sa préface : " Chez Verheggen la polyphonie est crûment sensorielle : la connaissance par les tripes. Mais il y a plus, c'est un obsédé des saveurs.
Du langage il traque les succulences secrètes, les épices ravageuses. Il les débusque dans les profondeurs du dire. Violentes ou suaves, il se les remonte jusqu'aux papilles. C'est là qu'il se les ensalive, mot à mot. On le lit avec des yeux qui auraient du nez, et une bouche qui aurait un regard. Avec lui, on se sent alphabétisés de partout, du rectum aux génitoires, en passant par le coeur, où l'émotion, toujours, est l'honneur de la folie".